La sirène sans nageoires... *Partie 1* (Septembre 2006)

Le soleil brillait au-dessus du paisible village de la Vallée Bleue, ce qui était d'autant plus agréable avec la légère brise qui faisait fremir les arbres fleuris. C'est d'ailleurs sous l'un de ces arbres que Thibault était en train de jouer, en compagnie de son inséparable Lea. Thibault était un petit garcon de dix ans, déjà grand et fort pour son age contrairement a sa petite soeur Lea qui du haut de ses six ans est encore bien frêle et chétive. Celle-ci d'ailleurs était en train de sautiller un peu partout en chantant une comptine que sa mere lui avait apprise, quant a Thibault il se contentait de la regarder d'un oeil attendri. Une fleur tomba de l'arbre et vint se poser sur le genou du garcon, qui la prit dans ses mains avec milles precautions puis l'observa avec des yeux émerveillés. La fleur avait de longs petales tirant entre le rose et le blanc, et etait d'une douceur remarquable. L'enfant leva les yeux vers sa petite soeur, qui sautillait toujours, puis les rabaissa vers la fleur. "Cette fleur est comme ma soeur, fragile mais si belle et si douce..." Thibault avait toujours porté a sa soeur un amour sans faille, et d'ailleurs avec sa mère c'etait la seule personne qu'il cotoyait et qu'il aimait. Les autres garcons et filles de son age etaient si betes et si superficiels... Il les detestaient. Thibault fut interrompu dans ses pensées par une voix familière qui cria : "A table ! Les enfants !" "- Hé ! Titi y a Maman qui nous z'appelle ! cria Lea. - Oui, j'ai entendu... On y va ! - Le dernier a la maizon est une poule mouillée !" lacha la petite. Les deux enfants coururent jusqu'a la maison, où les attendait un plat tout chaud concocté par leur mère. Les deux enfants passèrent le reste de la journée a chasser des papillons, a construire des cabanes ou a se poursuivre entre les arbres du bois voisin. Mais quand le soleil commenca a se coucher, ils rentrèrent chez eux. " - Apres manger, vous irez vous laver les dents et hop, au lit ! dit la mere. - Oh non ! Ze zuis pas fatiguée ! geignit Lea. - On ne discute pas ! Et arretes de zozoter. repondit sa mere d'un ton agacé. - Il est où Papa ? demanda Lea. - ... Il n'est pas encore rentre mais il ne devrait plus tarder ... Allez fini ton assiette ! " Thibault vit que sa mere avait l'air angoissée et il savait pourquoi. Dix minutes plus tard, Lea et son frère se couchaient dans leur lit respectif et leur mère les bordait comme chaque soir. " Faites de beaux reves, mes anges. " souffla-t-elle avant de fermer la porte. Thibault resta éveillé, les yeux ouverts, tandis que sa soeur plongeait dans les bras de Morphée. Il entendit bientôt le bruit caracteristique de la porte d'entrée, puis un long silence s'installa... Soudain, une voix d'homme gronda puis hurla et il entendit aussi une femme qui pleurait et gemissait. Thibault se leva, ouvrit la porte, descendit furtivement l'escalier et se placa de telle facon a voir ce qui se passait dans la salle a manger sans etre trop a découvert. Il vit son pere debout, avec le visage de l'homme qui a trop bu, et il vit sa mère, a genoux devant son mari, se tenant le bras comme si elle avait mal a cet endroit. Elle tremblait. L'époux prit sa femme par le bras et, d'un geste brutal, il la forca a se relever. Il cria : " - Alors, t'as compris ou t'en r'veux ?!? Hein ?! T'as compris ?? - Ou... oui, mon cheri ... s'il... s'il te plait ne re... - Fermes-la !!!! " C'est alors qu'il poussa violemment sa femme en arrière, qui alla percuter la table en bois de la salle a manger. " Je... hips ! J'vais prendre l'air ! " grogna l'homme. Et il tituba jusqu'a la porte, l'ouvrit et sortit en zigzagant. Thibault devala l'escalier, aida sa mere a se relever et a s'asseoir sur une chaise : " -Mais qu'est-ce que tu fais la ? Tu devrais dormir... - Maman, pourquoi Papa fait ca ? Il ne t'aime plus ? " La mere et l'enfant se regardait dans les yeux, et Thibault se rendit compte a quel point sa mere était belle : elle avait des yeux verts qui faisaient penser a un rayon de soleil traversant le feuillage d'un arbre, un vert vivant, chaleureux... Ses cheveux noirs et soyeux encadraient un visage plein de douceur mais aussi de force et de fierté. En fait elle ne ressemblait pas du tout a Lea, petite rousse bouclée... La mère de Thibault soupira et une lueur de tristesse passa dans ses yeux, elle dit enfin : " - Si il m'aime et moi aussi. Mais vois-tu, il arrive un temps ou les hommes goutent a l'alcool, pour certains cela ne leur fait pas beaucoup d'effet ou du moins ils ne deviennent pas violents... Ce n'est pas le cas de ton pere, l'alcool le rend fou et alors il ne se controle plus. Il pleure toujours après mais il recommence tôt ou tard... - Il t'as fait mal ? - Non ca va... J'ai tellement honte ... " dit-elle avant de sangloter. " Ce n'est pas toi qui devrait avoir honte. " pensa Thibault mais il ne dit rien. Il remonta se coucher, et quand il fut dans son lit, il entendit une petite voix demander : " - Papa était encore en colère ? - Oui, p'tite soeur, mais c'est fini. C'est fini... - Bonne nuit Titi. -Bonne nuit Lea. " ------------------------------------------------------------------------ ------------------------------------------------------------------------ Fin de la 1ere partie. Suite prochain article. (le pire est a venir ;-) ) .